Les îlots de Port-Cros
En mai 2007, la "réserve intégrale des îlots de Port-Cros" a été établie sur la commune de Hyères-les-Palmiers (Var). Cette réserve couvre plus de 61 hectares insulaires et comprend les trois îlots satellites de l’île de Port-Cros, qui fait partie des îles d’Or au cœur du Parc national de Port-Cros : l’île de Bagaud, l’îlot de la Gabinière et le rocher du Rascas.
Plus d'informations : portcros-parcnational.fr
Réserve intégrale des îlots de Port-Cros
Similaire aux réserves intégrales du Lauvitel (Parc national des Écrins) et du Parc national du Mercantour, la réserve intégrale des îlots de Port-Cros vise principalement "l’étude des écosystèmes et des taxons peu influencés par l’activité humaine." Cette approche permet de suivre la dynamique naturelle des écosystèmes méditerranéens insulaires, en minimisant les perturbations humaines.
Grâce à leur accès difficile et à une fréquentation restreinte depuis des décennies, les îlots satellites de Port-Cros ont été classés en catégorie 1a (aire protégée à vocation scientifique) par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
La réserve intégrale est également incluse dans la zone spéciale de conservation "Rade d'Hyères" (FR9301613) et la zone de protection spéciale "Îles d’Hyères" (FR9310020) du réseau Natura 2000.
Les espaces métropolitains non perturbés par l’activité humaine sont devenus rares, rendant ce site d'une grande valeur scientifique. Ainsi, la gestion de la réserve, assurée par le Parc national de Port-Cros, est très stricte : interdiction d’accès et de circulation pour le public, interdiction de travaux et d’activités, sauf pour des études scientifiques autorisées par le Conseil scientifique du parc. Ce dernier évalue les études scientifiques proposées et leurs conditions de mise en œuvre.
Ces îlots servent de "laboratoires naturels" et d'"îles sentinelles" dans le réseau des "Petites îles de Méditerranée" (PIM). Par exemple, l’île de Bagaud est un site pilote pour l'étude des changements globaux. Protégée des impacts anthropiques directs (aménagements, fréquentation humaine, espèces introduites, prélèvements), elle permet d'étudier les impacts humains indirects (pollution atmosphérique, changement climatique).
Les îlots sont régis par un plan de gestion spécifique, approuvé par le Conseil scientifique du parc.
Crédit photo : Christel Gérardin
L’île de Bagaud : Un laboratoire naturel pour l’étude des écosystèmes méditerranéens
Située à l'ouest de Port-Cros, l’île de Bagaud s'étend sur 58,83 hectares et atteint une altitude maximale de 57 mètres. Son relief modéré est ponctué de falaises maritimes n'excédant pas 30 mètres. Depuis 1985, l'île est inhabitée, et l'accès y est strictement interdit au public pour protéger ses écosystèmes méditerranéens typiques.
Bagaud est un site pilote crucial pour l'étude des impacts du changement global. Étant à l'abri des influences humaines directes telles que l'aménagement, la fréquentation, l'introduction d'espèces exotiques et les prélèvements, elle permet aux chercheurs de se concentrer sur les effets indirects des activités humaines, comme la pollution atmosphérique et les changements climatiques.
L'île sert de plateforme pour divers programmes scientifiques avancés, axés sur la restauration écologique. Ces recherches fournissent des références essentielles pour les futures opérations de conservation en Méditerranée.
Le Parc national de Port-Cros, en collaboration avec des partenaires scientifiques tels que l'Institut méditerranéen de biodiversité et d'écologie marine et continentale (IMBE) de l'Université d'Aix-Marseille, a élaboré un programme décennal de restauration écologique. Ce programme vise à suivre et à soutenir le processus de régénération naturelle de l'île.
Crédit photo : Christel Gérardin
L’île de Bagaud : Un laboratoire de restauration écologique en Méditerranée
Colonisée par les rats noirs et les plantes invasives comme les griffes de sorcière, l’île de Bagaud a été au centre d'un vaste programme scientifique combinant gestion et recherche. Ce programme, lancé en 2011 et s’étendant sur une décennie, vise à restaurer l’équilibre écologique de l’île en éradiquant ces espèces envahissantes.
L’effort financier et humain pour ce projet a été significatif, avec un budget estimé à 1 585 000 € et la participation de plus de 355 personnes provenant de plus de 25 organisations différentes. Ce programme exemplaire de restauration écologique en Méditerranée nécessite un suivi rigoureux de la résilience des écosystèmes après les opérations d'éradication.
Les résultats de ce programme incluent :
- Amélioration des connaissances sur les espèces présentes : Le recueil de données sur les espèces végétales et animales a augmenté de manière spectaculaire, avec 20 fois plus de données sur la flore en 2019 comparé à 2009.
- Cartographie inédite des végétations : Une cartographie détaillée des végétations de l’île a été réalisée.
- Recolonisation floristique : La flore indigène a montré des signes de recolonisation après l’éradication des griffes de sorcière.
- Suivi des insectes et araignées : Bien que difficile à interpréter, ce suivi a permis la découverte de nouvelles espèces.
- Suivi des reptiles : L’abondance des reptiles est corrélée à la présence des rats noirs sur l’île.
- Suivi des oiseaux terrestres et marins nicheurs : Le bilan est positif avec la découverte de nouvelles colonies de puffins yelkouans, une espèce menacée et protégée.
Ces initiatives font de Bagaud un site pilote pour l'étude des impacts anthropiques indirects tels que la pollution atmosphérique et les changements climatiques. Le succès de ce projet de restauration écologique sur l’île de Bagaud constitue une référence pour les futures initiatives similaires en Méditerranée.
Programme de restauration écologique de la réserve intégrale de l’île de Bagaud
L'îlot de la Gabinière
L'îlot de la Gabinière, situé au sud de l'île de Port-Cros, est bien connu des marins pour sa dangerosité, marquée par plusieurs échouages de navires. Cependant, c'est aussi un site de plongée sous-marine exceptionnel, célèbre pour sa biodiversité riche et l'abondance de mérous bruns, une espèce emblématique et protégée dans les eaux de Port-Cros.
En 2021, une mission botanique menée par le Conservatoire botanique national méditerranéen de Porquerolles a révélé une découverte notable sur cet îlot : la doradille marine. Cette fougère rare en Méditerranée, auparavant connue des Calanques, de Porquerolles et de l'île du Levant, n'avait jamais été observée dans l'archipel de Port-Cros avant cette mission.
Le rocher du Rascas
Le rocher du Rascas, situé au nord de l'île de Port-Cros, est une curiosité naturelle souvent admirée par les nageurs empruntant le sentier sous-marin voisin. Ses formes découpées de manière singulière évoquent la rascasse brune de Méditerranée, un poisson épineux très apprécié dans la région, ce qui pourrait expliquer l'origine de son nom.
Ce rocher abrite une population significative de barbe de Jupiter, une espèce végétale remarquable. De plus, une découverte importante a été faite par le Parc national de Port-Cros en 2014 : l'une des rares localités régionales de cuscute proche y a été identifiée, ajoutant à l'intérêt botanique de ce site unique.